Wilhelm Steinitz, premier champion du monde d'échecs officiel en 1886, était non seulement un joueur d'exception mais aussi un révolutionnaire de la théorie échiquéenne. Une anecdote révélatrice de son génie stratégique remonte à sa victoire contre Adolf Anderssen en 1866, match qu'il considérait comme le moment où il devint véritablement champion du monde dans l'âme. Ce qui rend cette victoire fascinante, c’est que chaque partie de ce match fut décisive, sans aucune nulle, et Steinitz remporta les deux dernières parties de justesse, ce qui illustre bien l’intensité et l’incertitude qui régnaient dans cette confrontation serrée.
Au-delà de son talent de joueur, Steinitz était aussi un penseur profond. Après ses premiers succès, il entreprit une révision radicale de son approche du jeu, passant d’un style d’attaque agressive à une stratégie plus positionnelle et méthodique. Cette transformation fut notamment mise en lumière lors du tournoi de Vienne en 1873, où il devança Anderssen en jouant selon ses nouvelles idées. Plus tard, Steinitz expliqua qu’il jouait sur des principes que ses contemporains ne comprenaient pas encore, affirmant qu’il était « vingt ans en avance sur son temps ». Cette conviction a non seulement forgé sa légende mais aussi profondément influencé le développement des échecs modernes.